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​Apparence

​Lexique

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•             Le visage - 脸/面容

•             La figure - 脸/面容

•             Le teint - 肤色

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•             Les cheveux - 头发

•             La coiffure - 发型

•             La barbe - 胡须

•             La moustache - 小胡子

•             La pilosité - 毛发

•             Le corps - 身体

•             La stature - 身材

•             La tenue vestimentaire - 着装/服饰

•             Le style vestimentaire - 服饰风格

•             L'élégance - 优雅

•             La prestance - 风度

•             La démarche - 步态

•             Le charme - 魅力

•             La grâce - 优美

•             La beauté - 美丽

•             La séduction - 诱惑

•             L'allure - 外表/形象

•             La présentation - 展示/外观

•             L'image - 形象/形象

•             Le look - 外观/形象

•             La silhouette - 轮廓/身形

•             L'attitude - 态度

•             Le sourire - 微笑

•             L'expression faciale - 面部表情

•             Le port de tête - 抬头姿势

•             La démarche assurée - 自信的步态

•              L'apparence soignée - 整洁的外表

​Article

N'exister que par la beauté

 

Écrit par Mona Chollet dans < Beauté fatale >

L'absence d'idéal concurrent et les sollicitations per-manentes de la consommation viennent réactiver les représentations immémoriales qui vouent les femmes à être des créatures avant tout décoratives. Depuis quelques années, le discours des magazines féminins a viré à l'entreprise de décervelage pur et simple. La journaliste Sylvie Barbier a raconté dans un livre l'évolution à laquelle elle a assisté :« Désormais, le titre prône la tyrannie du look. On encourage l'idiote aguicheuse(诱人的), la séduction de sous-douée, le regard de poisson mort. Fin de la sincérité. Enfuie l'audace. Début du grand formatage(格式化). Nouveau refrain : n'exister que par la beauté et ne survivre que par le regard des hommes. » Le déchiffrement du monde en termes de « tendances » qu'on réserve à la lectrice, la surenchère d'articles lui signalant tous les aspects d'elle-même qui pourraient partir à vau-l'eau et les façons d'y remédier, lui disent implicitement, mais avec une insistance proche du harcèlement(骚扰), que sa principale, voire son unique vocation est d'exalter et de préserver ses attraits physiques. Et de ne pas s'occuper du reste.

 

Aux critiques, les journalistes de la presse féminine ont coutume de rétorquer que « les lectrices ne sont pas idiotes » et qu'elles savent très bien faire la part des choses. Or l'intelligence n'a rien à faire dans la réception de ces discours, dont le propre est justement de la mettre en échec(遏制,阻止), de la contourner. Ils ont inévitablement un effet, car ils jouent sur des craintes et des failles très intimes, qu'ils ne cessent de titiller, d'entretenir : la peur de ne pas ou de ne plus être aimée, la peur d'être rejetée, la peur de vieillir dans une société qui semble ne concevoir les femmes que jeunes... En outre, les mots sont secondés par des légions d'images irréelles, encore plus redoutables qu'eux car elles se faufilent dans le cerveau à notre insu, précédant et déjouant toute réflexion, toute démarche critique. Il est à peu près impossible d'échapper à leur matraquage(大规模灌输). Cette presse, enfin, doit une partie de sa puissance à sa façon de se placer au centre d'une communauté féminine - fictive, mais peu importe - dont elle se prétend le simple relais. Les pratiques qu'elle prescrit, jure-t-elle, ne sont pas de son fait, pas plus quelles ne sont dictées par des intérêts commerciaux quel-conques: ce sont celles qu'ont spontanément choisi d'adopter la majorité des femmes, ou du moins les « femmes qui comp-tent », les filles avisées, dans le vent, celles qui ont tout compris et qui livrent leurs secrets dans les pages du magazine.

 

La dévalorisation systématique de leur physique que l'on encourage chez les femmes, l'anxiété et l'insatisfaction perma-nentes au sujet de leur corps, leur soumission à des normes tou-jours plus strictes et donc inatteignables sont typiques de ce que l'essayiste américaine Susan Faludi a identifié en 1991 comme le backlash : le « retour de bâton », qui, dans les années 1980, a suivi l'ébranlement provoqué à la fin des années 1960 par la « deuxième vague » du féminisme. Le corps, comme l'a montré Naomi Wolf dans The Beauty Myth (« Le mythe de la beauté») , paru la même année que le livre de Faludi, a permis de rattraper par les bretelles celles qui, autre-ment, ayant conquis - du moins en théorie - la maîtrise de leur fécondité(生育力) et l'indépendance économique, auraient pu se croire tout permis. Puisqu'elles avaient échappé aux maternités subies et à l'enfermement domestique, l'ordre social s'est reconstitué spontanément en construisant autour d'elles une prison imma-térielle. Les pressions sur leur physique, la surveillance dont celui-ci fait l'objet sont un moyen rêvé de les contenir, de les contrôler. Ces préoccupations leur font perdre un temps, une énergie et un argent considérables; elles les maintiennent dans un état d'insécurité psychique et de subordination qui les empêche de donner la pleine mesure de leurs capacités et de profiter sans restriction d'une liberte chèrement acquise. Elles-mêmes, en outre, se sentent coupables de la transgression que constitue leur présence dans des sphères d'où elles ont longtemps été exclues; elles ont donc tendance, pour compenser, pour rassurer les hommes ou pour se rassurer elles-mêmes sur leur pouvoir de séduction, à surenchérir dans le soin porté à leur apparence.

 

Il ne faut pas sous-estimer, dit Naomi Wolf, le traumatisme causé par l'arrivée massive, sur une période historique très courte, des femmes occidentales sur le marché du travail. Les prouesses esthétiques que l'on exige d'elles sont une manière de leur faire payer leur audace, de les remettre à leur place. Dans l'entreprise, les hommes sont chez eux ; ils n'ont donc « pas de corps », comme l'écrit Virginie Despentes. Les femmes, elles, doivent donner des gages - sans que l'on sache très bien de quoi, d'ailleurs. Elles doivent n'être ni trop ni trop peu attirantes : dans le premier cas, elles risquent de ne pas être jugées crédibles professionnellement et, si elles se font harceler sexuel-lement, elles l'auront bien cherché; dans le second, elles s'exposent aux réflexions désobligeantes pour avoir manqué à leur rôle de récréation visuelle et de stimulant libidinal(性欲的). Il s'agit de prouver que l'on mérite d'être à la place qu'on occupe et, en même temps, que l'on reste «une femme » au sens traditionnel du terme - de prouver une chose et son contraire, en somme. Naomi Wolf n'a pas tort d'estimer que le matin, lorsqu'elle ouvre sa penderie, une salariée devrait avoir droit à la présence d'un avocat.

 

En vingt ans, ces analyses n'ont rien perdu de leur perti-nence. Ce qui change, c'est le peu de résistance que rencontre désormais cette pression ; c'est l'acceptation résignée ou enthousiaste, par les principales intéressées, de l'idée que l'essentiel de la valeur d'une femme dépend de son apparence.Avec l'affaiblissement(削弱) du mouvement féministe, avec l'éloignement dans le temps de la période où il fut le plus influent, les discours critiques et les mises en garde dont il était porteur se sont perdus. Le naturel en a profité pour revenir au galop - le naturel de la société, pas celui des femmes...

 

Le sort actuel des petites filles en témoigne jusqu'au tra-gique. Des filles nées dans les années 1980 et plus tard, c'est-à-dire après le début du backlash, Naomi Wolf écrit qu'elles souffrent d'une « déformation congénitale(先天性畸形) : elles n'ont pas d'enfance ». « Aujourd'hui [autour de 1990, donc], pour une petite Américaine de sept ans, monter sur la balance et pousser un cri horrifié est un rituel de féminité, indissociable d'une promesse de gratification sexuelle, comme l'était pour ma génération le fait de parader en talons aiguilles devant le miroir, ou, pour la génération de ma mère, d'habiller sa poupée de satin blanc. » Wolf procède à un calcul intéressant : si cette petite fille a sa première relation sexuelle autour de quinze ans, elle aura, à ce moment-là, déjà passé la moitié de sa vie à « apprendre le masochisme » pour s'y préparer. Elle n'aura jamais eu la moindre chance « de se construire des souvenirs érotiques dans l'Éden, la plénitude, la frénésie de plaisir, l'insouciance d'un corps d'enfant ». Vingt ans plus tard, de nombreux pays - Royaume-Uni, Canada, Australie, France - constatent une augmentation des cas d'anorexie infantile.

« Nous voyons des fillettes qui ont commencé un régime de leur propre chef à neuf-dix ans, puis la maladie se déclenche », déclare une praticienne du service de pédopsychiatrie de l'hôpital Robert-Debré à Paris.

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